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Le mystère des Sehinou

(d'après A. Schwartz)
Une mention tout a fait particulière doit être faite d'une population qui est présente dans à peu près tout les groupements Wés et qui est appelée, suivant les régions, Séhou, Séhon, Séhinou, Séhidignon, Séhidi ou Séhadi. Les Séhou présentent une double particularité : ils ont tous le même interdit alimentaire (le poisson, "smihi"), tout en se mariant d'un groupe à l'autre ; l'ensemble des autres populations leur accorde la préséance dans toutes les manifestations de la vie sociale. Ces deux caractéristiques, auxquelles s'ajoute une appellation à peu près identique d'un bout à l'autre du pays, suffisent pour faire des Séhou une communauté culturelle parfaitement homogène. Cette homogénéité disparaît, malheureusement, dès que l'on essaie de poser le problème de leur origine.

Selon l'un des nombreux mythes sur l'origine de cette communauté, Séhi, l 'ancêtre des Séhou ou Séhinou, est un poisson, sorti de la mer et déguisé en homme. Séhi, qui est très beau, se "promène" beaucoup et a de nombreuses « fiancées ». Partout où il passe il laisse des enfants, qui respectent le totem de leur père. Mais un beau jour il décide de se fixer. Il s'installe alors à Zéaglo. Non loin de là, dans le village de Gbohoulou, vivait un homme appelé Zoué. Séhi et Zoué, à l'instigation de ce dernier, concluent un pacte qui stipule que quiconque commettrait l'adultère avec l'une de leurs femmes respectives serait puni de mort. Or voilà que Gwè. fils de Séhi, a des relations avec une femme de Zoué. Celui-ci réclame le jeune homme pour lui faire subir le châtiment. Malgré les supplications des proches de Gwè. Zoué demeure inflexible et le coupable est mis à mort. A quelques temps de là, Gbouho, fils de Zoué, est surpris à son tour avec une femme de Séhi. Séhi réclame le coupable et l'emmène dans son campement. Mais là, au lieu de tuer le jeune homme, il sacrifie un mouton, et fait envoyer le foie à Zoué. Le lendemain il ramène lui-même Gbouho à Gbohoulou et le remet à son père avec ces paroles : « Voilà ton fils. Sache que mon coeur n'est pas aussi méchant que le tien ». Zoué, confondu par tant de magnanimité et de générosité, décida dès lors de se mettre sous le commandement de Séhi. Depuis, tous les Guéré et Wobé reconnaissent la supériorité des Séhinou.

Selon une étude, les Séhinou "sont considérés comme les anciens guerriers et administrateurs de la région" et ils apparaissent comme les descendants d'administrateurs d'un royaume disparu". Cette hypothèse supposerait que les Séhinou soient les premiers occupants des pays guéré et wobé ; ou même, pour aller plus loin, qu'avant l'implantation des groupements actuels, il y ait eu un peuplement autochtone, dont les Séhinou seraient les derniers vestiges. Ceci expliquerait la supériorité reconnue aux Séhinou par le respect que doit tout nouvel arrivé à celui qui a été le premier à occuper une terre, donc qui en est le propriétaire selon la tradition Wé.


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