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Une fausse réputation d'anthropophagie

Pour beaucoup d'ivoiriens, les Wobés et les Guérés "mangent", c'est à dire qu'ils mangent l'homme. Il existe de nombreuses blagues sur le sujet et l'expression "Wobé là" est employée comme insulte.Cette facheuse réputation est très mal ressentie par les Wès car rien dans leurs traditions ne semble la justifier. Elle est vécue comme une forme de racisme à l'égard des peuples du sud-ouest ivoirien.

Selon l'ethnologue Alfred SCHWARTZ, qui a vécu 4 ans dans un village Guéré dans les années 60, trois éléments permettent de comprendre sur quoi s'est fondée cette lègende noire :

"Une première explication peut être fournie par l'existence effective d'une forme d'anthropophagie rituelle, jadis pratiquée à l'issue d'engagements "militaires" entre groupements ennemis." Le vainqueur consommait rituellement le coeur et les parties génitales de l'adversaire mort afin d'acquérir sa force, sa générosité et sa virilité.

"Une seconde explication réside dans l'ambiguïté du terme guéré di, qui signifie manger à la fois au sens propre et au sens figuré". Les agissements des mangeurs de l'âmes des hommes (sorciers), fréquents en pays Wè, serait donc en partie responsable de la réputation de mangeurs de chair humaine des Wés.

"Une troisième explication, enfin, repose sur un préjugé tenace qui veut que l'homme soit un peu à l'image du milieu naturel dans lequel il évolue". Le caractère sauvage et impénétrable de la forêt primaire aurait, en somme, inspiré les lègendes les plus noires sur ses habitants, les Wés.


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