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Le masque de guerre : TONHOUSRI OU TOUSRI

Avant la pacification française, son rôle était très important. Il ne subsiste à present, de ce masque, que des souvenirs et quelques traces de son ancienne puissance. Il incitait les hommes à entreprendre et poursuivre les guerres tribales. Il excitait leur esprit de vengeance et exhortait leur courage.

Son visage rouge indique qu'il a assisté à de nombreuses batailles où le sang a coulé, et l'échantillon de teinte rouge qu'il porte obligatoirement sur son costume rouge ou noir est un signe de l'acceptation des hommes à « laisser répandre leur sang. Sa bouche est garnie de dents de forte taille, car il est dangereux.

Tonhousri porte une arme à la main, et ferme "confidentiellement " le poing gauche pour rappeler que « la guerre n'est pas terminée, qu'elle ne le sera qu'à la fin àu monde". Elle constitue un événement normal. Autrefois, ce masque entonnait le chant suivant pour aiguillonner le courage des hommes:

"N'louê harai meïl,
N'se louê houê meït,
Sen mail Sèdjikpa noua glatiê ort meïl
N'tain houê meït,
N' se tain houê meït."

Il signifie:


"Ne craignez pas vos ennemis
Celui qui a peur, peut mourir.
La mort ne se présente qu'une fois.
Même Sedjikpa, le grand guerrier est mort.
Il avait remporté de grandes victoires, après de durs combats."

Si actuellement Tonhousri a perdu de son intérêt par suite de la disparition des guerres tribales, le combat est glorifié par les Ouobé. La danse de guerre, obligatoire autrefois au retour d'une expédition, n'est plus aujourd'hui que le "clou" d'une fête de village, à laquelle il est rare de pouvoir assister.
Armés d'un fusil, au son du tam-tam de guerre, les hommes refont les gestes du combat. Ils se jettent à genoux, se roulent à terre, rampent sur le ventre en faisant mine de guetter l'ennemi, courent à travers le village qui résonne des cris et du martèlement du tam-tam, reviennent sur la place publique et répètent les mêmes gestes. Les villageois, hommes, femmes, enfants, vieillards, se tiennent tout autour de la place. De temps à autre, les guerriers s'arrêtent. Devant les vieillards assis et leur montrent le fonctionnement de leurs armes. Lorsque l'assistance est particulièrement satisfaite de la danse d'un des hommes, elle lui jette bouteilles de parfum, paquets de savon, morceaux de pagnes et mille objets divers pour le récompenser, comme si réellement il revenait victorieux du combat.
Au cours de la fête, les armes des hommes morts à la guerre sont remises à leurs fils. L'un après l'autre, ceux-ci s'avancent à l'appel de leur nom fait par un vieux guerrier. Ensuite, ils défilent dans le village, en faisant admirer aux vieilles femmes et aux infirmes qui n'ont pu se déplacer, l'héritage de leur père. Élevés à un niveau supérieur à celui des enfants, ils se réunissent dans la case à palabres, pour y boire en commun le vin de palme.

Une semaine après cette cérémonie, ces enfants reçoivent une sorte de consécration devant le village assemblé. Ils ont désormais le droit de porter le nom de « Nemanya­nyunu », qui signifie en ouobé « enfant des hommes braves », et sont autorisés à participer à toutes les danses organisées dans chaque village proche du leur. Par contre, manger la chair de l'aigle leur est dorénavant interdit, car ce rapace est considéré par les Ouobé comme le plus brave de tous les oiseaux.


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